Les Antilles : à la recherche du soleil d'hiver
Les Antilles, dans les pas de Gauguin
En tous temps les sociétés humaines ont enfanté un nombre infini d’utopies, miroirs lumineux d’une époque ne reflétant qu’ombres. Au XIXe siècle, le mal-être de Paul Gauguin (1848-1903) se comprend dans ce courant de pensée. Né au cœur d’une société industrielle, les ondulations de son âme le mènent vers l’espoir d’un autre monde, d’une autre vie, d’autres rives…
Convaincu que le bonheur d’une vie simple se déroulait sous d’autres latitudes, il fit son premier essai en Bretagne en 1886, à Pont-Aven plus précisément, tentant d’y trouver ce fameux paradis que certains croient encore aujourd’hui perdu. L’aventure exotique commencera réellement l’année suivante, en 1887, lors d’un voyage au Panama d’abord, puis en Martinique, au cœur des Petites Antilles.
Que recherchait-il ? Un lieu de régénération le libérant du poids d’une vie occidentale devenue toxique pour lui. Faut-il aujourd’hui être utopiste ou atteint du syndrome de Gauguin pour apprécier les îles Caraïbes à leur juste valeur ? Fort heureusement non. Les temps ont bien changé. Gauguin était atteint d’un mal-être nourri par des choix de vie audacieux à son époque. Le peintre vivait la mélancolie chevillée au corps, une mélancolie au demeurant assez commune aux fins de siècles souvent anxiogènes. Notre époque est autre. Alors pourquoi choisir de naviguer aux Antilles l’hiver prochain ? Tout simplement pour le bonheur unique d’être habité par le soleil d’hiver.
Fuir les effets du solstice d’hiver aux Antilles et passer de l’ombre… à la lumière !
Éternelle rengaine sous l'hiver européen : du 21 juin au 21 décembre, la lumière solaire diminue jour après jour. Pernicieusement, les effets se font sentir : manque d’énergie, grisaille obsédante… Les journées s’écourtent par l’allongement de nuits interminables et froides. Décembre, janvier, février… Si les semaines suivant le solstice d’hiver sont sous nos latitudes souvent difficiles à supporter par manque de luminosité, le scénario est tout autre dans le chapelet des îles paradisiaques entre Mer des Caraïbes et Océan Atlantique, où deux départements et régions français d’outre-mer vous attendent.
Au cœur de l’arc insulaire des Petites Antilles, la Guadeloupe et la Martinique offrent dans ces mois sombres et froids un cadre idyllique où remplacer le ski par la navigation sur des mers limpides devient une évidence. Nul besoin du regard exotique de Gauguin pour s’en rendre-compte, les réalités géographiques et climatiques suffisent à comprendre les bienfaits de ces lieux sur l’âme. L’automne européen coïncide aux Antilles avec la fin de la saison des pluies. Soleil et températures douces garantis, passer Noël sur un voilier au large de côtes éclatantes aux paysages variés offre un bain de jouvence.
Exemple en Martinique où de somptueux repères de plongée sur toute la côte, à Grande-Anse notamment (au sud de l’île), attentent les rêveurs : des poissons multicolores cohabitent paisiblement dans un écrin bleu translucide à couper le souffle. Toujours en Martinique, flotter entre ciel et mer se vit par une expérience unique en descendant de son voilier pour musarder sur des langues de sable en plein océan, les célèbres Fonds-Blancs au départ du port de pêche du François.
À terre, un patrimoine culturel et naturel d’une grande richesse
L’Histoire des Petites et Grandes Antilles est liée à l’aventure coloniale, séculaire et tragique de nombreux pays européens (Espagne, France, Pays-Bas, Grande-Bretagne … ), tous en quête de nouvelles ressources économiques. C’est donc une population multiculturelle que le navigateur a la chance de rencontrer à terre. Terre d’immigration au XIXe, Européens, Indiens, Américains, Chinois, Africains … ont inscrit dans le patrimoine local des caractéristiques uniques, notamment dans la cuisine, reflet de cette société bigarrée. Les saveurs subtiles des plats antillais mêlent épices, fruits et produits de la mer à découvrir sur les nombreux marchés, patrimoine culturel des îles caraïbes.
Autre découverte incontournable : la culture de la canne. Il y a en Martinique de nombreux domaines visitables, le plus remarquable étant certainement l’Habitation Clément sur la commune du François, ancienne distillerie de rhum nichée au cœur d’un vaste domaine arboré et classée monument historique par le ministère de la Culture. Parcourir ce lieu offre l’occasion de s’immerger dans l’histoire particulière de la fabrication de cet or antillais et du mode de vie des maîtres des lieux. Gauguin ne s’était pas trompé lorsqu’il écrivait : « L’expérience que j’ai faite à la Martinique est décisive (…) C’est dans ce que j’ai rapporté qu’il faut me chercher si on veut savoir qui je suis ».
Pour le voyageur d’aujourd’hui, plus modestement, les Antilles sont sans conteste un lieu idéal où nature comme culture offrent de magnifiques occasions de se ressourcer, de s’imprégner d’un mode de vie serein sous les effets bienfaisants du soleil d’hiver.
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