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Destins flottants au large de New York

 

Des mouettes, des huitres et des pendus

 

Il y a exactement 130 ans, en janvier 1892, commence l’histoire singulière d’Ellis Island, une île étrangement rectangulaire (artificielle donc), située à moins d’un kilomètre du lieu où la Statue de la Liberté incarne ses concepts de justice et de démocratie.

 

ellis island
Vue aérienne de la statue de la Liberté avec Ellis Island en arrière plan (photo Adobe Stock)

 

À l’origine, l’île était naturelle mais sa position d’avant-garde de New York en fera une place stratégique modifiée peu à peu par les hommes. Du temps où les Indiens vivaient paisiblement dans la baie, l’île portait le nom de ses habitants : les mouettes. Puis elle fut baptisée la « Petite île aux huîtres » et devint celle ... du gibet, dernière étape de bien des pirates : les pendus y flottaient au vent, à la vue de tous les navires passant au large. Drôle d’accueil...

Au XVIIIe siècle, un certain Samuel Ellis l’achète. Son nom est aujourd’hui gravé dans la mémoire de millions d’Américains. Non pas à cause du personnage mais parce que son île deviendra, de 1892 à 1954, un goulot d’étranglement pour des millions d’immigrants pétris par l’espoir de trouver, en ce bout d’Atlantique, des conditions de vie meilleures que celles les ayant poussés à tout quitter...

 

 

Une arrivée la peur au ventre

 

Difficile d’imaginer ce que les femmes, les enfants et les hommes, originaires essentiellement d’Europe et d’Asie, ont pu ressentir quand, après un mois de navigation, la silhouette orange et blanche des bâtiments d’Ellis Island se dessinait à l’horizon. Des émotions certainement mitigées entre soulagement et angoisse... Seraient-ils acceptés ou devraient-ils reprendre la mer ? On est pris de vertige quand le Musée National d’Immigration, installé sur l’île, nous apprend que douze millions de personnes y ont transité entre 1892 à 1954.

 

équipage endurance
Débarquement d'émigrés sur Ellis Island en 1902 (photo wikimedia commons)

 

Il est probable que de nombreuses familles américaines ont aujourd’hui, quelque part dans leur mémoire, le souvenir de témoignages de leurs ancêtres passés par là. Les chiffres indiquent que plus d’un tiers des habitants des États-Unis ont au moins un membre de leur famille qui est passé par le centre d’immigration de cette île « où des fonctionnaires harassés baptisaient des Américains à la pelle », comme l’écrit Georges Perec dans son livre Ellis Island (1995). Édifiant.

 

La Terre Promise

 

Il y eut plusieurs grandes vagues d’immigration européenne vers le Nouveau Monde avant que le centre d’Ellis ne soit construit, menant Anglais, Écossais, et surtout des Irlandais, victimes de la Grande famine de 1846-1852, à tout quitter pour ne pas mourir. À Wexford, port au sud-est de la République d’Irlande, se visite aujourd’hui une réplique grandeur nature d’un trois-mâts des années 1840, le Dunbrody, véritable pont flottant entre ces terres de misère et les États-Unis. Ces voiliers de la dernière chance sont parfois qualifiés de « bateaux cercueils » (coffin ships)...

De 1861 à 1890, Scandinaves, Allemands et beaucoup d’autres immigrants de nationalités et confessions différentes déferlent aux portes de l’État de New York qui s’organise au fil des années. Ainsi naît le centre d’Ellis Island en 1892, chargé d’accueillir et de filtrer les arrivées en masse de navires surchargés de destins tragiques : en 1907, quinze bateaux débarquent 22 000 personnes en une seule journée. Personnel médical, interprètes et fonctionnaires interrogent, soignent, isolent et donnent (ou non) LE sésame d’entrée sur le territoire. Au total, « seulement » 2% des immigrants sont refusés (maladie, passé délinquant...).

 

réplique du dunbrody
Réplique du Dunbrody surnommé le bateau de la famine (photo wikimedia commons)

 

Pour l’immense majorité, l’Atlantique n’est plus qu’un mauvais souvenir. L’American dream peut commencer.

 

Ne manquez surtout pas, Amis de Filovent, de regarder les 14 mn d’un court métrage émouvant où Robert De Niro, sous la direction de l’artiste français JR, évolue entre les murs glacés du centre d’immigration d’Ellis Island.

 

Article rédigé par Véronique Michel
Redactrice-Veronique-Michel

Diplômée de l’Ecole du Louvre et titulaire de l'agrément de conférencier du Ministère du Tourisme et de la Culture, elle a travaillé pendant dix ans pour la galerie parisienne Marwan Hoss. Installée en Espagne depuis 1997, elle est chargée de conférences en Histoire des arts, cultures et religions du monde à l’Institut Français de Barcelone.

 
 


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