Le destin funeste des passagers du Saint-Louis
Aux portes de l’enfer
En 1936, l’homme politique britannique Chaïm Weizmann, futur chef de l'État d'Israël, fait une analyse des plus justes sur le destin fragile des Juifs d’Europe : « Le monde semble être divisé en deux parties : les endroits où les Juifs ne peuvent pas vivre et ceux où ils ne peuvent pas entrer ». Depuis trois ans, Adolf Hitler, élevé au rang de chancelier, a les mains libres pour mettre en pratique son projet politique pour l’Allemagne, qu’il rêve grande et « pure » : nazifier tous les aspects de la vie tant publique que privée. L’enfer commence pour les Allemands de confession juive. De nombreux secteurs de l’économie leur sont fermés, ainsi que l’accès à l’éducation, scolaire comme universitaire. En septembre 1937, « l'aryanisation » permet de spolier des entreprises détenues par des Juifs. L’émigration semble être la seule issue possible pour survivre... mais où ?
Le bateau de la dernière chance
En juillet 1938 a lieu à Évian, sous l’égide du Président des États-Unis Franklin Roosevelt, une conférence internationale sur la question de l’aide à apporter aux réfugiés en provenance du Reich. Les 32 États présents ne prennent aucune décision stratégique. Ce qui n’a certainement pas étonné les anciens passagers juifs du paquebot Saint-Louis. En effet, trois mois avant le fiasco d’Évian, plusieurs centaines de Juifs tentent d’échapper à l’enfer nazi par eux-mêmes. L’aventure funeste tournera au désastre. Ils quittent le port de Hambourg le 13 mai 1939 à bord du transatlantique SM Saint-Louis, espérant trouver refuge à Cuba, ayant en poche de précieux certificats de débarquement que le Président cubain Federico Laredo Bru décrète ... caduques pendant leur traversée. Bien qu’ils les aient payés un bon prix... La cupidité des hommes déconcerte... Impossible donc de débarquer sur l’île caribéenne.

De Cuba ... à la mort
Commence alors l’errance des 937 passagers du Saint-Louis, entre espoir perdu, angoisse et désarroi. Le transatlantique se positionne au large des rives de la Floride, à quelques encablures de Miami. Refus d’accueil de la part des États-Unis, refus du Canada... Le 8 mai 2018, Justin Trudeau, premier ministre du Canada dira : « Lorsque le Canada a refusé l’asile aux 937 Allemands juifs à bord du MS Saint Louis, nous avons laissé tomber non seulement ces passagers, mais aussi leurs descendants et leur communauté. La présentation d’excuses à la Chambre des communes ne réécrira pas ce chapitre honteux de notre histoire. Ces excuses ne pourront pas ramener ceux dont la vie a été volée, ni réparer les vies brisées par cette tragédie ». Le Saint-Louis repartira donc vers l’Europe où ces réfugiés seront répartis entre les Pays-Bas, la Belgique, la France et le Royaume-Uni. Pour finir peu de temps après dans les camps d’extermination, la majorité de ces pays ayant été envahis par l’Allemagne nazie...

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