La courte carrière de Barbe Noire
Un corsaire…
Au début, rien à signaler. Le futur Barbe Noire, sujet de la couronne britannique né vers 1680, porte un nom normal - Edward Teach - et se destine à faire carrière dans un métier courant à l’époque – corsaire - profession dont le statut subtil mérite précision. Nous confondons souvent aujourd’hui corsaires et pirates, ce qui n’aurait pas manqué de surprendre les contemporains d’Edward. Les premiers pouvaient piller des navires et massacrer leur équipage en toute légalité. Les seconds faisaient de même mais en tant que hors-la-loi. Autrement dit guerriers gouvernementaux d’un côté, brigands de l’autre… Comment les reconnaître ? Seul le corsaire avait en poche une précieuse « lettre de marque », autorisation officielle pour attaquer le bateau adverse.
… devenu pirate.
Edward Teach détient donc au départ un curriculum brillant, corsaire dans la Royal Navy. Titre prestigieux qui pose un homme. Sa mission? Piller (et couler) les navires français outre-Atlantique, sur fond de guerre coloniale pour le contrôle des Amériques. À la fin du conflit, nombre de marins se trouvent désœuvrés, ce qui n’est jamais bon pour un corsaire. Edward tombe dans la piraterie. Adieu les « lettres de marque », bienvenue la délinquance des mers. Notre homme s’empare du négrier français La Concorde en novembre 1717, le transforme en vaisseau de guerre et le rebaptise du doux nom de Queen Anne's Revenge, la Revanche de la reine Anne… Vaste programme…
Faire peur ou … faire peur.
Le but d’Edward Teach est clair : s’enrichir au plus vite en s’emparant des richesses des navires ayant la malchance de croiser son chemin. Et ce jusqu’au 22 novembre 1718, jour où il est tué par Robert Maynard, lieutenant de la Royal Navy, au large des côtes américaines. Courte mais terrible carrière! Car entre temps, notre pirate s’est construit une image redoutable : barbe noire bien longue et coiffure agrémentée de mèches à canon (!) pour faire face à l’ennemi la tête enflammée. Il fallait y penser. Par cet art maîtrisé de la communication, Barbe Noire terrorise efficacement ses victimes : elles se soumettent sans même entrer en combat. Dans l’Histoire générale des plus fameux pirates publiée en 1724, le capitaine Johnson raconte que Barbe Noire tuait de temps en temps les siens afin que l’équipage n’oublie pas qui il était. Curieuse méthode de management…
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