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Les câbles de la discorde

 

Une autre raison d’observer la mer

 

Depuis quelques années, les fonds marins prennent une part grandissante dans l’actualité. Si l’intérêt pour cette géographie pleine de mystères a jusqu’alors souvent concerné l’archéologie, essentiellement par la découverte d’épaves historiques et plus récemment par l’écologie, le plancher océanique est aujourd’hui au cœur de sérieuses préoccupations stratégiques, économiques et géopolitiques.

Le 5 octobre 2022, la présidente de la Commission européenne a annoncé la nécessité de protéger les infrastructures qui ont pris place sous les eaux - 70% de la surface du globe - depuis plus de 170 ans. Les effets collatéraux de l’escalade de la guerre menée par la Russie depuis février 2022 contre l’Ukraine menace les câbles sous-marins qui permettent 99% de nos communications grande vitesse (contrairement aux idées reçues, seulement 0,4 % de nos données numériques passent par satellites). Après avoir évoqué le sabotage des gazoducs Nord Stream, Ursula von der Leyen invite « les États membres à renforcer et à ériger en priorité la protection des infrastructures européennes critiques, y compris les gazoducs et les câbles sous-marins. ».

 

câble sous-marin au japon
Câble sous-marin à proximité de l'île de Ishigaki au Japon (photo Adobe Stock)

 

 

De zéro à 1,3 millions de kilomètres

 

La « préhistoire » des câbles déroulés sous mer remonte à 1851, entre le Cap Gris-Nez (Pas-de-Calais) et Douvres. Ils mettent en œuvre la technologie de communication de pointe de l’époque : le télégraphe. L’enjeu n’est pas romantique mais économique, Paris et Londres pouvant dorénavant suivre presqu’en direct les cours de leurs bourses respectives.

En 1858, grand événement ! l’installation de câbles transatlantiques entre l’Irlande et Terre-Neuve (Canada), entre l’ancien et le nouveau monde donc. Le symbole est fort, d’autant plus qu’une des frégates chargées de cette mission porte le nom mythique d’Agamemnon, héros grec de la guerre de Troie, et que son capitaine s’appelle Moriarty. Les passionnés de Sherlock Holmes apprécieront …

Douze ans plus tard, le Royaume-Uni et l’Inde sont connectés, puis au tournant du siècle des lignes transpacifiques relient l’Amérique du Nord à l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Au milieu du XXe, le développement des câbles téléphoniques prend le relais pour aboutir, en 1988, à la fibre optique posée entre l’Europe (France et Royaume-Uni) et les États-Unis. En parallèle, un nouveau métier prend forme : l’officier navire-câblier.

 

câble sous-marin WASACE
Projet WASACE - système de câbles de communication sous-marin (photo Wiki Commons)

 

 

Une fragilité inquiétante

 

Aujourd’hui, 428 câbles « sillonnent » le plancher océanique, accumulant 1,3 millions de km de « routes » de l’information. Ces chiffres montrent à quel point ces réseaux sont vecteurs de puissance pour ceux qui les fabriquent, les possèdent et/ou les exploitent. Les propriétaires sont multiples (opérateurs des télécommunications, fournisseurs de contenu...). Le rôle des États ? Autoriser les installations - le domaine public maritime étant impliqué dans la mise en œuvre de cette technologie -, réguler et... surveiller. Ces câbles portent en effet des données de tout type (personnelles, politiques, économiques, stratégiques...) qui aiguisent de très nombreux intérêts. Chacun se souvient de l’affaire Edward Snowden, ex-consultant de la Central Intelligence Agency en 2013, qui révèle les cybersurveillances de la CIA et de la NSA.

Puissance donc, mais aussi grande vulnérabilité... Les câbles sous-marins peuvent être altérés par des phénomènes naturels (tremblements de terre, tsunamis, morsures...), mais aussi par les tournures pernicieuses que les relations internationales prennent. Sectionner ces « artères » fragilise un État, au même titre qu’un attentat contre des infrastructures terrestres. Un espace à placer donc sous très haute surveillance.

 

Article rédigé par Véronique Michel
Redactrice-Veronique-Michel

Diplômée de l’Ecole du Louvre et titulaire de l'agrément de conférencier du Ministère du Tourisme et de la Culture, elle a travaillé pendant dix ans pour la galerie parisienne Marwan Hoss. Installée en Espagne depuis 1997, elle est chargée de conférences en Histoire des arts, cultures et religions du monde à l’Institut Français de Barcelone.

 
 


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