L’étrange conquête maritime de la Chine
Bien avant Christophe Colomb…
L’histoire n’est pas banale. Tout commence en 1371 au sein d’une famille musulmane d’origine mongole installée dans le sud ouest de la Chine, loin, très loin de la mer. Cette année là naît un enfant qui deviendra le plus grand amiral que l’Empire du Milieu n’ait jamais connu. Lorsque Zheng He voit le jour, la prestigieuse dynastie des Ming dirige le pays depuis 1368, le gouvernant d’une main de fer dans un but précis : rendre à la Chine puissance et prospérité, entre autres par une diplomatie ambitieuse. Très loin de Nankin et de ces considérations politiques, notre petit garçon vit une enfance normale quand à l’âge de dix ans, il est enlevé et émasculé pour entrer comme eunuque au service impérial. En 1405, l’improbable a lieu…

Un marin d’eau douce au service de l’empire
Notre héros raconte : « Moi, Zheng He, c’est l’Occident que je partis découvrir ! Mon maître, le grand empereur de Chine, me nomma à la tête de plusieurs expéditions maritimes. Je n’avais pourtant jamais pris la mer auparavant. Je partis donc sur les mers, en mission diplomatique et commerciale, vers l’autre bout du monde. Je suis allé jusqu’en Egypte et sur les côtes de l’Afrique noire. Si vous ne me connaissez pas, sachez qu’en Chine, on me considère encore comme le premier des grands navigateurs ! ». L’empereur de Chine n’a donc peur de rien en nommant Zheng He " amiral des mers de l'Ouest ". Il sait toutefois ce qu’il fait. Cet eunuque est fidèle et la Chine ne part pas coloniser mais rayonner.

Conquérir sans coloniser
La mission confiée à Zheng He est précise : faire connaître la grandeur de l'Empire du Milieu au-delà de l’horizon. Sept expéditions, de 1405 à 1433, le mèneront à plus de 7 000 km des rives de la Mer de Chine. Asie du sud-est, Inde, péninsule arabique, côte orientale de l’Afrique… Partout la flotte de l’amiral impressionne par la conception ingénieuse de ses jonques et par le comportement des équipages : pas de conquêtes territoriales, pas d’esclaves embarqués, pas de religion imposée… L’art d’être sans y être. Zheng He offre des objets précieux aux dignitaires rencontrés, qui, en les acceptant, reconnaissent la supériorité des Ming. Aucune terre n’effraie le diplomate, pas même l’Afrique noire qui terrifie tant les Occidentaux dont les conquêtes à venir, portugaises et espagnoles, seront d’un autre ordre…

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