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Les disparus de la Route du Rhum

 

Le courage, une des armes nécessaires à cette course

 

« Passer par-dessus bord et voir le bateau qui s’éloigne, c’est la hantise de tous les solitaires. On fait tous ce cauchemar un jour ou l’autre. »

Cette phrase a été prononcée par Alain Colas, disparu en mer en 1978 lors de la première Route du Rhum. Cette course exigeante connaît, dès ses débuts, un succès de grande ampleur tant le sublime des paysages granitiques du nord de la Bretagne, point de départ de la compétition, marque l’esprit de cette Transatlantique en solitaire : 6 562 kilomètres de corps à corps avec un océan puissant, doté d’un caractère de vieille divinité qui ne s’en laisse pas compter. Gare aux skippers ! Si relier les deux espaces français (Saint-Malo/Pointe-à-Pitre) fait rêver toujours plus de marins (38 en 1978 / 138 en 2022), leur tâche est complexe, la compétition se déroulant au cœur de l’automne, saison où la mer est d’humeur ténébreuse.

Aucune limite de taille de bateau n’étant fixée, monocoques et multicoques s’y confrontent, skippés par des amateurs comme des professionnels. La solitude imposée fait de cette traversée un combat où pugnacité, courage, excellence et prudence s’imposent à ceux qui y participent. Pourtant, la tragédie s’inscrit dès la première course et ressurgit au cours de la troisième. Deux grands noms de la voile ont disparu corps et âme sans que l’on ne connaisse le scénario de leurs derniers instants. Soyons-en certains, cette Transatlantique est bel et bien dangereuse...

 

Plaque commémorative du dernier départ du skipper alain collas avant sa disparition en mer
Plaque commémorative du dernier départ du skipper Alain Colas (photo 123rf)

 

 

Quelque part sous l’océan

 

Le premier skipper emporté par les éléments est Alain Colas, nom inoubliable des courses océaniques. Étonnamment, l’homme est né au cœur du Morvan, très loin de la mer ... En 1965, il a 22 ans et rêve de pousser les murs de l’univers paisible de son enfance, animé par une voix l’appelant à « sortir de sa peau ». L’aventure commence par un voyage en Australie où il décroche un poste d’enseignant à Sydney. Les vastes horizons de la mer de Tasman l’envoûtent immédiatement. Il y fait ses armes en participant à des régates et se retrouve équipier d’Éric Tabarly le temps d’une course, la Sydney-Hobart. Le plus taiseux des navigateurs distille parcimonieusement ses précieuses expériences océaniques, incarnant aux yeux de Colas un statut de mentor. Son destin est scellé...

De retour en France, Alain Colas passe victorieux la ligne d’arrivée de la Transat de 1972. Les « feux de la rampe » se focalisent sur lui, pas toujours avec bienveillance, le panache teinté d’hubris et le verbe singulier de cet homme crispant souvent les loups de mer à la parole bourrue. Après un grave accident (1975) qui faillit lui faire perdre un pied, il se lance en 1978 dans la première Route du Rhum à bord du trimaran Pen Duick IV rebaptisé Manureva. On sait aujourd’hui que la mort l’attendait au-delà des Açores. Elle a tout dévoré, homme et bateau, sans jamais rien rendre ...

 

alain colas première route du rhum
Alain Colas avant le départ de la première route du Rhum (photo Wiki Commons)

 

 

Loïc Caradec en 1986

 

La troisième édition de la Route du Rhum est à son tour entachée d’un deuil, celui de Loïc Caradec dont le corps n’a jamais été retrouvé. L’homme pourtant aguerri avait confié son état d’esprit avant le départ, affirmant que cette course l’inquiétait : « Je mentirais, je serais fou si je disais le contraire. Ça fait peur de traverser l’Atlantique en solitaire, d’autant plus sur ces maxi-bateaux que l’on n’a jamais menés en solitaire, avec le point de perfectionnement et de sophistication auxquels ils sont arrivés. C’est à la fois angoissant et extraordinaire ».

Loïc Caradec savait que l’impressionnant mât aile de son catamaran Royale était un vrai danger à partir de vents de force 9, risquant par sa taille gigantesque de faire chavirer le bateau. Ce qui arrive mi-novembre 1986 au large de l’Espagne... Le constat des premiers secours à l’approche de Royale est sans appel : le mât, arraché sous l’effet du gros temps, a profondément endommagé la nacelle. Florence Arthaud, la première à découvrir le maxi-catamaran (26 mètres) n’avait pas caché son immense inquiétude. La balise de détresse de Royale avait été déclenchée le 13 novembre aux aurores. Puis plus rien. Pour la seconde fois dans cette course mythique, un grand skipper disparait sans que personne ne puisse, encore aujourd’hui, reconstituer les drames.

L’océan est bien le maître des horloges.

 

Article rédigé par Véronique Michel
Redactrice-Veronique-Michel

Diplômée de l’Ecole du Louvre et titulaire de l'agrément de conférencier du Ministère du Tourisme et de la Culture, elle a travaillé pendant dix ans pour la galerie parisienne Marwan Hoss. Installée en Espagne depuis 1997, elle est chargée de conférences en Histoire des arts, cultures et religions du monde à l’Institut Français de Barcelone.

 
 


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