Étrange voile à l’horizon
Quand Victor Hugo regardait la mer…
En 1852, Victor Hugo a décidé de se payer la tête de son prince-président, Louis Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon… le Grand. L’écrivain engagé ne peut plus supporter cet homme qu’il a pourtant soutenu auparavant, lui reprochant sa politique réactionnaire voleuse de liberté et surtout le coup d’État du 2 décembre 1851 par lequel Louis se fait proclamer empereur des Français sous le nom de Napoléon III. Érigé en opposant politique, Victor Hugo publie l’insolent pamphlet Napoléon le Petit en 1852 et… met les voiles, expression populaire très à propos : il fuit en effet d’abord à Jersey (1852), puis à Guernesey (1855). Il ne lui reste plus qu’à regarder la mer…

Quand la France était au sommet
Victor Hugo est un contemporain de la Révolution industrielle, celle qui, entre autres, modifie en profondeur le transport maritime. Notre brillant auteur voit donc passer au large des bateaux à voile confrontés à une concurrence rude due (déjà !) à la mondialisation. Les navires de fret sont en effet toujours plus performants grâce à la propulsion à vapeur. La France est à l’époque, avec les Britanniques, la deuxième marine marchande au monde. La fin du transport maritime à voile a-t-elle alors sonné ? On aurait pu le croire au tournant du XXe siècle, la marine marchande française – à voile ou non - connaissant alors une grave crise par manque de compétitivité.
Quand Airbus relie… air et mer
Aujourd’hui, les temps ont bien changé. L’ingénierie du XXIe siècle s’intéresse à nouveau au fret maritime à la voile. Airbus réfléchit depuis plusieurs années sur le transfert d’avancées technologiques de l’aéronautique vers le maritime et a donné naissance, via la start-up AirSeas, à SeaWing, une impressionnante aile-voile destinée à tracter les gros navires commerciaux. Airbus a déjà utilisé cette technologie de pointe pour transporter des ailes d’avion. On ne peut qu’être émerveillé du résultat. Ce cerf-volant géant devrait permettre de réduire la consommation de carburant de 20%, collecter et analyser les données météorologiques et océaniques en temps réel pour optimiser les performances, tout en assurant une sécurité maximale. Un joyau de génie civil. Dommage que Victor ne soit plus là pour le voir…

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