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Fermer la mer ? En voilà une idée !

 

La Méditerranée emmurée

 

À l’origine de l’idée folle d’enfermer celle que les Romains appelaient Mare Nostrum, il y a un contexte particulier et un personnage hors-norme.

Le contexte d’abord. En Europe, l’entre-deux-guerres oscille entre l’espoir de se remettre moralement des traumatismes de la Grande Guerre et diverses réflexions sur la construction du « monde d’après ». En 1928, l’Allemand Herman Sörgel (1885-1952) a des idées décoiffantes sur le sujet. Pacifiste à sa manière, l’architecte se convainc, après l’étude de cartes centrées sur l’Europe du sud, de la nécessité de créer de nouveaux liens eurafricains pour donner à l’Occident une impulsion économique fulgurante. Comment ? En réduisant la Méditerranée comme peau de chagrin par un projet effroyable baptisé Atlantropa.

Amis de Filovent, si ce plan avait été réalisé, vous auriez aujourd’hui froid dans le dos en navigant au large de Tarifa (Espagne), non pas à cause des vents océaniques mais par l’environnement dystopique imaginé par Sörgel : un barrage titanesque sur le détroit de Gibraltar servant à limiter l’entrée des eaux de l’Atlantique dans la plus vaste des mers intérieures.

 

Clin d’œil - L’incroyable projet Atlantropa

 

Terres cultivables à foison. Tant pis pour les poissons.

 

Dans le plan de Sörgel, contenir l’Altantique n’était que la première étape d’ambitions bien plus amples : avec la clôture du goulot de Gibraltar, le niveau de la Méditerranée aurait également baissé par phénomène d’évaporation, libérant des terres destinées, dans un futur indéterminé, à l’agriculture. Les habitants des rives se seraient ainsi retrouvés autour d’enjeux économiques collectifs, éloignant tout risque d’inimitié entre les peuples (blancs). C’était du moins la conviction de Sörgel... La construction de deux autres barrages devait suivre : le premier entre la Sicile (ayant perdu son identité d’île par le recul des eaux) et la Tunisie, le second au point de contact entre la Méditerranée et la mer de Marmara.

L’époque étant peu sensible à l’écologie, Atlantropa aurait, si le projet avait été concrétisé, provoqué la mort lente de Mare Nostrum. Étonnamment, il y a eu des adeptes de cette utopie, séduits par l’idée de voir se dresser entre l’Amérique et l’Asie un nouveau continent à la géographie verticale, régit par la puissance prométhéenne d’Européens XXL.

Mais... en 1933, le 3e Reich mettra fin à ces délires, Hitler ayant sa propre démence à mettre en marche. Une folie horizontale cette fois, dirigée vers l’est.

 

projet Atlantropa
Carte détaillant le projet Atlantropa (photo Wiki Commons)

 

La Manche et la mer du Nord sous clefs

 

L’idée de fermer des mers appartient-elle définitivement au passé ? Non. Un barrage de clôture de l'Europe du Nord (Northern European Enclosure Dam – ou NEED -) est en cours d'élaboration pour protéger quinze pays européens de la montée des eaux.

La question de notre responsabilité face au phénomène fait réfléchir. Sjoerd Groeskamp, océanographe de l’Institut royal des Pays-Bas à l’origine de l’idée de construire des digues de fermeture de la Manche et de la mer du Nord, explique clairement que « si nous devons construire un tel projet, fondamentalement, nous avons échoué (...). Des centaines de millions de personnes à travers le monde connaissent NEED. Nous espérons qu'il s'agira d'un appel à l'action pour éviter le changement climatique et l'élévation du niveau de la mer qui en découle. Nous n'avons, en principe, pas besoin de NEED ».

Sommes-nous prêts, gens de mers et de terres, à supporter la vue et les conséquences écologiques apocalyptiques des quelques 160 km de mur entre la côte nord de la Bretagne et le sud-ouest de l’Angleterre ET presque 500 km entre l‘Écosse et la Norvège ?

 

barrages NEED
Plan des barrages de clôture NEED (photo Wiki Commons)

 

 

 

Article rédigé par Véronique Michel
Redactrice-Veronique-Michel

Diplômée de l’Ecole du Louvre et titulaire de l'agrément de conférencier du Ministère du Tourisme et de la Culture, elle a travaillé pendant dix ans pour la galerie parisienne Marwan Hoss. Installée en Espagne depuis 1997, elle est chargée de conférences en Histoire des arts, cultures et religions du monde à l’Institut Français de Barcelone.

 
 


Si vous avez une idée d'article, contactez mickael@filovent.com

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