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Flambant neuf, l’Hôtel de la Marine !

 

Rififi à Paris

 

Les passionnés du monde de la mer n’auront pas manqué, il y a dix ans, de s’intéresser au destin du prestigieux Hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris, qui a abrité pendant 226 ans le ministère de la Marine, ancien Garde-meuble de la Couronne au XVIIIe. Lorsqu’en 2011 a été prise la décision de déménager cette administration dans des espaces plus adaptés, la question de l’usage de l’Hôtel majestueusement sis en face de l'Assemblée nationale s’est posée et a soulevé nombre de polémiques. Tandis que la Marine avait pour objectif de s’installer dans l’imposant Hexagone Balard (15ème arrondissement), où, depuis fin 2014, elle a rejoint les autres états-majors des Forces armées françaises, le sort du joyau de l’architecte Gabriel (XVIIIe) est resté en suspens : le lieu resterait-il dans le giron de l’État ou serait-il privatisé ? Les amoureux du patrimoine respirent : ce palais des « marins à terre » a été restauré pendant quatre ans par le Centre des Monuments Nationaux, établissement public rattaché au ministère de la Culture. Il est ouvert aux visiteurs depuis le 12 juin 2021. Un nouveau trésor à découvrir.

 

hôtel de la marine
Hôtel de la Marine avec la place de la Concorde au premier plan (photo Adobe Stock)

 

Aux armes (vintages), Citoyens !

 

Quand de grandes figures de la culture lancent dans le journal Le Monde*, le 10 janvier 2011, un appel collectif pour que le monument reste dans le domaine public, y est évoquée l’importance historique du lieu : (...) « C'est là, dans cet hôtel construit par Gabriel et Soufflot pour Louis XV, et qui avait toujours appartenu à la Couronne, qu'ont eu lieu les premières émeutes populaires à la veille du 14 juillet 1789 ». La Révolution aurait donc commencé le 13 juillet 1789 aux portes de l’Hôtel de la Marine ? Une anecdote incroyable le confirme. La veille de la prise de la Bastille, des révolutionnaires se présentent à l’entrée du bâtiment (Garde-Meuble royal à l’époque). En l’absence de l’intendant, le garde général tente de calmer les esprits et propose une visite (elles se font depuis 1776). A l’issue de ce moment inattendu, les rebelles « empruntent » des armes de la collection royale, sous les yeux assurément éberlués du personnel... Certains des assaillants du 14 juillet ont donc combattu avec un armement anachronique issu de l’Histoire passée. Il serait intéressant de savoir si des sabres de samouraïs ou des armures médiévales ont été utilisés à la Bastille...

 

obélisque Louxor
Obélisque de Louxor, cadeau du pacha d'Egypte (photo Adobe Stock)

 

THE place to be

 

C’est en 1789 que le secrétariat d’État à la Marine prend ses quartiers place de la Concorde. Au fil du temps, le ministère en fera un haut lieu de la diplomatie et du soft-power par des bals prestigieux (le bal de l’Europe pour le Premier Consul en 1802, celui de Napoléon III en 1866...) ou par l’élégance de sa loggia théâtrale sur la Concorde, lieu que Louis-Philippe choisit pour assister, le 25 octobre 1836, à l’érection par 300 artilleurs et marins, de l’obélisque de Louxor, cadeau du pacha d’Égypte. Les Parisiens sont éblouis ! À chaque occasion, entouré de portraits de grands marins comme Bougainville ou La Pérouse, le ministre de la Marine est l’hôte incontournable sous la lumière des ors de la salle d’apparat ou des appartements rococo magnifiquement préservés. Au-delà des mondanités, l’Hôtel de la Marine connait des temps historiques marquants, comme l’élaboration par Victor Schœlcher du décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, adopté le 27 avril 1848. C’est aussi un lieu où l’on aimerait que les murs parlent : dans l’un d’entre eux a été découvert un recoin d’espion. Côté logis de l’intendant du Garde-Meuble, un salon bien coquin...

 

Pour aller plus loin :

* Article du journal le Monde

Site officiel de l'hotel de la Marine

 

Article rédigé par Véronique Michel
Redactrice-Veronique-Michel

Diplômée de l’Ecole du Louvre et titulaire de l'agrément de conférencier du Ministère du Tourisme et de la Culture, elle a travaillé pendant dix ans pour la galerie parisienne Marwan Hoss. Installée en Espagne depuis 1997, elle est chargée de conférences en Histoire des arts, cultures et religions du monde à l’Institut Français de Barcelone.

 
 


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