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La Lune sous les eaux

 

L’orgueil d’un roi

 

Le 5 novembre 1664, Louis XIV aurait pu fêter joyeusement ses 26 ans et deux mois si La Lune n’était pas venue assombrir l’éclat du Roi-Soleil. La Lune ? Sacrée épine dans le pied du souverain, cet ancien fleuron de la Marine Royale ! Flottant ce jour-là bon an mal an au large de Toulon, le vaisseau menace de sombrer dans les eaux froides de la Méditerranée avec plusieurs centaines d’hommes à bord. Le bateau attend l’autorisation de débarquer, mais... Louis semble vouloir oublier ce trois-mâts prestigieux mis en service du temps de son père, en 1641. Les récentes mésaventures africaines de La Lune menacent les ambitions du jeune monarque en quête de puissance et de grandeur. Catastrophe... le 6 novembre, la coque du navire, longue de 42 mètres, se fend d’un coup sec, précipitant le bâtiment et son équipage sous les eaux, à 90 mètres de profondeur. Ce drame met en évidence les faiblesses de la Marine Royale, ce qui n’échappe pas aux forces étrangères. La monarchie fera donc, séance tenante, disparaître La Lune de la mémoire historique... jusqu’à la découverte de son épave en 1993.

 

la lune louis xiv

 

Retour en arrière ...

 

Pour comprendre le sort funeste de La Lune, un panorama géopolitique de l’espace méditerranéen doit être dressé. La piraterie barbaresque (pays des Berbères) y fait rage, à une époque où les océans sont entre les mains des Anglais et des Hollandais. Le royaume de France, dont la marine est affaiblie, cible les côtes d’Afrique du Nord qu’il souhaite sécuriser pour prendre en main le commerce en Méditerranée. En cas de succès, double gain pour Louis XIV et Colbert, dont l’ambition est de redonner grandeur aux forces navales : le prestige d’une politique audacieuse et de belles perspectives économiques. On choisit Djidjelli (Jijel, en Petite Kabylie, au nord-est de l’Algérie) comme point d’ancrage pour construire une base française. Décision peu judicieuse, les Kabyles étant alliés à l’armée turque, autre puissance de la région. La première expédition de l’été 1664 tourne au fiasco, entre des forces ennemies que l’on sous-estime, une méconnaissance du terrain, des troupes royales mal équipées et surtout un commandement en proie à d’infinies luttes de pouvoir, sous la piètre autorité du duc de Beaufort, cousin de Louis XIV.

 

expédition française du duc beaufort
Expédition de Djidjelli commandée par le duc de Beaufort

 

Et La Lune sombra, « comme du marbre » dit Beaufort

 

Un second corps expéditionnaire arrive en renfort le 22 octobre 1664. La Lune en est, malgré sa vétusté, rafistolée à la hâte dans la rade de Toulon, faute de mieux... La situation sur place frise la catastrophe. Les Jijeliens, sidérés par le comportement des Français – des pierres tombales ont été extraites du cimetière pour construire des retranchements – démultiplient leur force au combat, soutenus par les Turcs d’Alger dont ils ont sollicité l’aide le 25 septembre. Fin octobre, les Turcs encerclent les positions françaises, les soumettant à des tirs de canon. Le glas de l’échec sonne, bien que la Gazette, en France, ne parle que de victoire. À peine arrivée, La Lune rembarque une partie du corps expéditionnaire (un millier d’hommes environ) et repart à Toulon, qu’elle atteint le 5 novembre. Comme la peste décime la ville depuis trois mois, elle servira de prétexte aux autorités pour contraindre la Lune à rester (invisible) au large, bien que le vaisseau menace de se disloquer. Le roi ne veut pas entendre parler de débâcle, pourtant bien réelle. La Lune se fendra en deux le 6 novembre, en chemin vers « l’exil » de Porquerolles, emportant quelques 800 hommes dont les récits funestes auraient pu ternir l’orgueil du monarque... Depuis lors, le silence règne au fond des eaux...

 

Article rédigé par Véronique Michel
Redactrice-Veronique-Michel

Diplômée de l’Ecole du Louvre et titulaire de l'agrément de conférencier du Ministère du Tourisme et de la Culture, elle a travaillé pendant dix ans pour la galerie parisienne Marwan Hoss. Installée en Espagne depuis 1997, elle est chargée de conférences en Histoire des arts, cultures et religions du monde à l’Institut Français de Barcelone.

 
 


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