QUI POSSÈDE LES OCÉANS ?
Une vraie question.
Combien de marins se demandent où ils sont réellement et de quel État ils dépendent quand leur voilier file au vent? La question est loin d’être incongrue, l’espace océanique occupant les ¾ de la planète. Pendant longtemps, l’océan a été vu comme une (terrible) frontière marquant la limite du royaume de Dieu sur terre. Au-delà ? D’horribles monstres. Mais avec le développement du commerce international (1492), les temps changent et la flotte marchande multiplie les routes maritimes. Les bêtes apocalyptiques s’évaporent, les richesses s’amoncellent. Considère-t-on pour autant la mer comme un territoire ? Pas encore.

Même Picsou ne pouvait imaginer de tels trésors…
En 1858, le plancher de l’Atlantique perd ses secrets par la pose du 1er câble télégraphique transatlantique. L’océan n’est plus vu comme une simple masse d’eau. On réalise qu’il repose sur un sol, un sol n’appartenant à personne. L’intérêt pour ce nouveau territoire s’aiguise, nos économies contemporaines ayant un besoin impératif de ses richesses : métaux, pétrole, soufre… Il devient urgent pour le monde industriel de s’armer juridiquement pour s’emparer de ces trésors géologiques. Après 1945, le président américain Truman annonce que les États-Unis sont propriétaires du sous-sol… de leur plateau continental ! Les gisements de pétrole au large du Mexique y sont pour quelque chose…

Un plateau continental, quèsaco ?
À bien y regarder, un continent se poursuit sous l’eau. En 1982, la communauté internationale décide que tout État côtier dispose d’une zone économique exclusive, une bande côtière de 370 km où il exerce des droits souverains sur la pêche et l’exploitation des ressources minérales du sol et du sous-sol. Mais les États-Unis ou la Russie en veulent plus. La France aussi d’ailleurs : elle possède des îles dans la quasi totalité des océans du fait de son passé colonial. Chacun revendique donc de nouveaux espaces marins auprès de la très secrète Commission des limites du plateau continental où 21 géologues tentent de fixer la frontière sous-marine du pays demandeur. Un casse-tête hautement stratégique mais essentiel : pour la première fois de l’histoire de l’humanité, les États s’agrandissent par la science et non par la guerre…
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