Polar Pod : cheval de Troie en Océan Austral
Ne plus avoir la berlue, là est la question
L’aventurier des mers doit être bien informé de l’évolution des temps pour ne pas s’inquiéter d’apparitions inédites sur sa ligne d’horizon. Le XXIe siècle et son cortège de performances technologiques évolue à une vitesse étourdissante, emportant dans son sillage l’univers marin qui, dès lors, vit des mutations stupéfiantes. Il faut donc, en ce début de troisième millénaire, apprendre à ne plus tressaillir quand pointe au large une forme inédite, tanguant selon un rythme inhabituel, défiant la logique du plus vaillant des loups de mer qui, par définition, est un dur à cuire difficile à berner. Ces rudes chevaliers océaniques auront certes, dans leurs voyages au long cours, croisé mille fois le terrifiant Hollandais volant sans jamais tressauter mais là... l’affaire est grave... Observer l’approche d’un « bateau » dangereusement silencieux, dressé à la verticale, doté d’un cou de cygne couronné d’un improbable bec métallique dont on ne sait s’il menace ou embrasse, peut faire vaciller la raison du plus solide des baroudeurs... Bienvenue, sur notre belle planète bleue, à Polar Pod, l’incroyable créature flottante de Jean-Louis Etienne.

Pour que la planète bleue ne vire pas au noir...
Polar Pod est une plateforme d’observation et d’analyse scientifiques dont la mission, en préparation depuis dix ans, vise à explorer l’Océan Austral, espace maritime mythique réunissant trois frères au tempérament de feu : l’Atlantique, le Pacifique et l’Indien. Les eaux tumultueuses de l’Austral, qui tournent autour de l’Antarctique, détiennent d’indispensables ressources pour recouvrer, à l’avenir, un certain équilibre écologique. Soucieuses de l’accélération préoccupante du réchauffement climatique, les Nations Unies viennent à ce propos de décréter la « Décennie des Nations Unies pour les Sciences océaniques au service du développement durable. 2021-2030 ». Des projets comme Polar Pod, signé par l’explorateur Jean-Louis Etienne, tombent à point. L’océan Austral « hurlant et rugissant » aurait pu être définitivement abandonné à sa colère éternelle et ignoré de l’intérêt des hommes, mais on sait aujourd’hui que son courant de 24 000 km est déterminant pour le climat. Comme ses frères, il absorbe une partie du CO2 présent dans l'atmosphère et héberge une biodiversité salvatrice. Bref, notre santé en dépend. Biologistes, océanographes et autres scientifiques doivent absolument en savoir plus. Polar Pod sera leur cheval de Troie.

Hisser haut... TRÈS haut
Soucis majeur : l’Austral n’est pas commode. Pour l’explorer sans se confronter, Jean-Louis Etienne et l’équipe d’ingénieurs qui l’entoure ont choisi de construire un navire singulier : un axe vertical en treillis d’acier qui offre peu de résistance aux vagues titanesques engendrées sous ces latitudes. Le vaisseau est ainsi peu soumis au chaos de la surface, les vagues le traversant. Avec son tirant d’eau de 75 mètres et un lest de 150 tonnes, Polar Pod est stable. Dénué de moteur, ce bateau inédit haut de 100 mètres utilisera le courant circumpolaire pour accomplir son tour de 24 000 km à la vitesse approximative de un nœud. Des voiles et un système de propulsion non polluant lui permettront de réajuster son cap en cas de mauvaise rencontre... Cette lente « promenade » australe permettra de procéder à nombre de prélèvements et analyses précieux pour l’avenir : dynamique des vagues et du vent, planctons, faune etc. Les scientifiques siègeront dans une nacelle au sommet de Polar Pod. Vue panoramique sur les éléments garantie !
|
Si vous avez une idée d'article, contactez mickael@filovent.com