Cabrera. Entre paradis et enfer.
Le paradis
Cabrera offre aux yeux des visiteurs un paysage idyllique. Cette petite île située au sud de Majorque dévoile aux navigateurs de splendides panoramas entre mer limpide et végétation aux parfums méditerranéens. D’un côté, l’agitation estivale de la reine des Baléares, de l’autre, une atmosphère apaisante, Cabrera ne disposant d’aucune infrastructure hôtelière, hormis El Albergue de Cabrera doté de seulement 12 chambres. Vous l’aurez compris : le Parc National de Cabrera est un des sites naturels d’Espagne les mieux préservés. Le promeneur ne manquera pas d’être surpris par la douceur de l’île et son silence. On s’attendrait presque à y croiser Homère…

L’Histoire
Comment imaginer que dans ce lieu paradisiaque, il y a de cela deux siècles, des milliers d’hommes ont vécu un véritable martyr ? Pour le comprendre, il nous faut remonter aux conquêtes napoléoniennes. En février 1808, Napoléon envoie en Péninsule ibérique des troupes dans le but d’envahir le Portugal mais peu à peu, des heurts se multiplient entre le peuple espagnol, méfiant, et les soldats français. La monarchie espagnole vacille : le 19 mars 1808, le roi Charles IV abdique en faveur de son fils Ferdinand VII. Rapidement, la situation bascule. La famille royale finit par renoncer à la couronne, tandis que Napoléon place son frère Joseph sur le trône. La guerre d’indépendance commence et elle sera sanglante…

L’enfer
En juillet 1808 a lieu la bataille de Bailén, en Andalousie. Défaite cuisante pour les Français. Entre 9 000 et 12 000 prisonniers sont alors envoyés au nord-est du pays, dans le camp permanent de l’îlot de Cabrera où le pire les attend : l’oubli, la famine, le manque d’eau potable, les intempéries... En aucun cas ces soldats de l’armée napoléonienne ne furent conscients de la beauté du lieu, il leur fallait avant tout se nourrir et se désaltérer. Le bateau de ravitaillement venant de Majorque ne pointait pas toujours à l’horizon… Se multiplièrent alors des scènes de cannibalisme, de coprophagie et de morts par empoisonnement, les hommes mangeant des herbes sans savoir qu’elles leur étaient toxiques. Lorsque 6 ans plus tard, après la première abdication de Napoléon en 1814, une expédition française fut enfin envoyée pour rapatrier les soldats, seuls 4000 d'entre eux avaient survécu.
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