Île perdue pour chasseurs de rêves
Le bout du bout du monde…
St Kilda est un des archipels les plus isolés de notre planète, composé de quatre îles volcaniques situées à 40 miles à l'ouest des Hébrides extérieures, au large de l’Écosse. À l’instar de leurs paysages époustouflants, les noms gaéliques de ces îles envoûtent : Hiort (Hirta), Dùn, Soay et Boreray. Leur sonorité celtique fait l’effet d’un souffle chargé de mystère. Il est murmuré que même le diable n’arrive pas à prononcer cette langue. Acte manqué diront certains, puisque le gaélique ne possède pas le verbe « avoir ». On comprend donc pourquoi Satan ne s’y attarde pas, d’autres proies géographiques seront plus simples à obtenir… D’ailleurs, à bien y regarder, quelqu’un a-t-il vraiment possédé ces terres extrêmes ? Il semblerait que non puisque le 29 août 1930, les 36 derniers habitants d’Hirta, la seule île occupée de l’archipel, demandèrent aux autorités écossaises de les évacuer, après 2000 ans de vie dans des conditions extrêmes. Victoire de Mère-Nature face à des hommes pourtant exceptionnels…
Une nature hostile et indomptable… mais fascinante
Hirta, île principale de Saint-Kilda, offre un panorama naturel d’une beauté indescriptible, à tel point qu’elle est, depuis 1986, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco. Enfant d’une éruption volcanique datant de 60 millions d’années, le paysage est sculpté par les éléments du climat nord-atlantique : vents apocalyptiques, mer démontée… Les falaises les plus vertigineuses d’Europe y siègent : Conachair, le sommet de l'île, culmine à 430 mètres, plongeant à la verticale dans les eaux glacées de l’océan. Rien n’épargne cet archipel et pourtant, il y a environ vingt siècles, des hommes s’y sont risqués, accostant dans la baie du sud-est de l’île, certainement attirés par la magie de l’anse parfaite qu’elle dessine. Ainsi débute l’éprouvante histoire des St Kildans, qui devront construire leur vie avec … presque rien : aucun arbre n’y pousse, l’environnement naturel se résumant à des rochers, une herbe rase et un horizon confondant ciel et mer.
Des habitants héroïques
Il faut donc être solide pour y (sur)vivre. Au fil du temps, les St Kildans édifient un village (Village Bay) d’une dizaine de maisons en pierre, curieusement disposées en arc face à la mer, comme un défi au plus terrible des océans. L’économie de subsistance se base alors sur l’élevage de quelques ovins, une agriculture des plus sommaires, et surtout, des produits avicoles. Car si les hommes ne sont que tolérés dans cette nature hostile, les oiseaux y sont par contre rois. Un million y tourbillonnent, permettant aux villageois de s’en nourrir et de fabriquer avec leurs os de nombreux ustensiles de survie. De vieilles photographies montrent ces hommes, suspendus à des falaises vertigineuses, chassant des fous de Bassan ou des macareux moines, dans des conditions extrêmes. On comprend qu’en 1930, les quelques familles survivantes jetèrent l’éponge et décidèrent, le cœur pincé, de rendre cette île au monde sauvage, gardée toutefois par l’âme de leurs morts restés dans le minuscule cimetière.
|
Si vous avez une idée d'article, contactez mickael@filovent.com