Quand l’Atlantique faisait peur…
Le grand méchant loup
Si aujourd’hui l’Atlantique reste pour le navigateur une grande leçon d’humilité, il lui est toutefois devenu familier depuis la découverte des Amériques en 1492 par Christophe Colomb. Mais il n’en fut pas toujours ainsi. Les hommes de l’Antiquité et du Moyen Âge le considèrent comme une mer terrifiante. On ignore son origine, sa profondeur, ses mécanismes… On voit avec effroi le soleil sombrer quotidiennement dans ses eaux que l’on imagine grouillantes de créatures terribles, donnant au plus chevronné des marins l’envie de fuir au plus profond des campagnes ! Bref, on n’ose à peine s’en approcher. Certains s’y risqueront pourtant, la sueur au front…
La Méditerranée, mère des Grecs et des Latins
La Méditerranée est au contraire très vite connue et (presque) maîtrisée par les peuples du monde antique. On la baptise d’un nom révélateur, Mare Nostrum (Notre Mer). Le « père » aurait pu être l’Atlantique s’il n’avait pas autant fait trembler les bateaux à l’approche de Gibraltar. Imaginons les équipages, les mains crispées sur le gouvernail, décidés malgré tout à franchir cette porte monumentale ouvrant sur l’océan avec à tribord, la côte espagnole et son impressionnant rocher de Kalpé, et à bâbord, la côte marocaine surplombée par le Mont Acho. Deux murs de pierre hostiles que l’homme antique nomme les Colonnes d’Hercule symbolisant la frontière entre une mer calme et domptée (la méditerranée) et un océan inconnu et dangereux.
Un cabotage prudent jusqu’au pire des destins
Une fois le goulet franchi, le spectacle continue. La sensation de froid s’accentue. Le navigateur se heurte à l’inconnu, gardant l’œil sur la baie rassurante de Tingis (Tanger). S’élancer vers le large ? Inimaginable. Cette mer hostile capable d’avaler le soleil ne fera qu’une bouchée des navires. On cabote donc vers le sud, abordant avec audace quelques archipels dont les célèbres îles Fortunées (Canaries). Pendant longtemps, la limite méridionale restera le cap Bojador, promontoire du littoral du Sahara occidental. Jusqu’au XVe siècle, une légende terrifie les marins : au-delà, on cuit jusqu’à devenir noir, pour finir ébouillanté dans un chaudron équatorial. Ce n’est qu’en 1434 que le Portugais Gil Eanes ose franchir ce « cap de la Peur ». Une nouvelle page Atlantique se tourne alors, Gil n’ayant pas péri sous les feux de l’enfer…
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