Quand la mer s’imposa à nous...
Les premiers peuples de la mer
Amis de Filovent, vous êtes-vous posé la question de savoir qui ont été les premiers hommes à oser « prendre » la mer, comme la tradition aime le dire ? L’archéologue a t-il trouvé trace des premiers peuples audacieux ayant défié cet élément instable, à la fois fascinant et terrifiant ? Il faut, pour trouver la réponse, aborder la question sous un autre angle : il ne semble pas que l’humanité soit partie à la conquête du monde flottant par soucis d’aventure, mais plutôt parce que l’univers aquatique s’est imposé à lui, à un moment où des groupes humains ont dû composer avec de nouvelles circonstances environnementales. S’adapter ou disparaître. Quand ? Au Mésolithique, dernière période des temps préhistoriques, juste avant que nous ne changions notre mode de vie millénaire de chasseur-cueilleur pour celui d’agriculteur-éleveur. Soit passer d’un statut de dominé par les éléments naturels à dominants. Cette période intermédiaire, souvent éludée par l’Histoire, est pourtant passionnante. En premier lieu parce que le spectacle naturel y fut grandiose...
Sidération préhistorique
Le Mésolithique démarre au tournant 9 200 avant l’ère chrétienne pour se fondre dans l’étape suivante de l’évolution de l’homme, le Néolithique, entre 6 000 et 5 000. Nos ancêtres assistent en ces temps-là au spectacle sidérant de la montée des eaux, conséquence du réchauffement climatique post-glaciaire dont les répercussions seront considérables sur les territoires occupés par les groupes humains évoluant près du littoral. À l’échelle d’une génération (25 ans), ces individus voient se former un horizon marin sous l’effet du recul des glaces et des tempêtes « dévoreuses » de territoires, conséquence des conditions climatiques plus tempérées. De nouvelles lignes de côte se dessinent, avalant peu à peu les traces des activités humaines précédentes. L’élévation du niveau de la mer provoque certes la disparition d’un monde, mais aussi l’apparition du phénomène d’insularisation de certaines hauteurs continentales. La Bretagne voit ainsi « naître » Belle-Île-en-mer, qui fut « en terre » auparavant, et l’île de Groix...
L’estran, des trésors sous la quille
Que faire ? Se révolter, reculer ou s’adapter ? La troisième voie, celle de la sagesse, s’impose à nos ancêtres. Les forêts leur permettent de creuser de premières pirogues monoxyles (taillées dans une unique pièce de bois). Les voici donc flottant sur ce nouvel espace, la peur au ventre suppose-t-on... Inexorablement, de nouveaux destins se construisent, ponctués de moult aventures. Sous leurs embarcations, tout un monde disparaît, enfoui sous l’estran. L’estran ? La zone de marnage, située entre la ligne extrême des plus hautes et celle des plus basses marées. Ce monde gît, encore aujourd’hui, sous la quille de votre voilier, Amis de Filovent. Des trésors inestimables y dorment depuis longtemps, détenant de précieuses informations sur nos ancêtres, de la Préhistoire à aujourd’hui. Le niveau de la mer continuant à progresser, ce sont autant de traces de nous-mêmes qui y stagnent, avec la grande problématique des archéologues : comment fouiller en toute sérénité un espace aussi instable ? En attendant la solution, profitez de vos sorties océaniques pour rêver sur ce troisième monde, entre terre et mer...
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