Ailes et voiliers
Michelin à l’assaut des mers
À New York, en 2018, le prix de l’Icône du Millénaire (« Icon of the Millenium ») est remis au Bibendum, le célébrissime bonhomme incarnant le Groupe Michelin depuis 1898. Aucune star à la cérémonie mais nous aurions tort de ne pas nous y intéresser... Qui aurait pu imaginer à l’époque que Bibendum, à la silhouette improbable formée de boudins blancs (!), pouvait sérieusement représenter cette entreprise sur du long terme ?
C’est pourtant ce qui a eu lieu. Ce personnage d’allure débonnaire participe depuis presque 125 ans à donner à la marque une image non seulement positive, sympathique, familière, mais aussi rassurante et éthique. Bibendum, avec son visage avenant, son regard franc, son corps d’une rondeur souple signant l’air d’un amical geste de salut, se révèle être un excellent ambassadeur pour accompagner les engagements que Michelin choisit de défendre. Le dernier en date ? son intention de contribuer à la décarbonation du transport maritime. Vous qui n’attendiez Michelin qu’au bout de la route, sachez que bientôt, vous croiserez sa mascotte en pleine mer sous une forme inattendue...
À bon entendeur...
En septembre 2021, un événement intelligent et constructif pour l’avenir est organisé à Saint-Nazaire, Wind For Goods, concacré au transport maritime propulsé par le vent. Les enjeux sont importants pour les générations à venir et nous-mêmes : combattre l’empreinte catastrophique du transport au fioul en mer, dans l’atmosphère et sur notre santé. On ne peut ignorer que les villes portuaires accueillant cargos et paquebots vivent sous un air hautement vicié par les émissions d’oxydes d'azote et de souffre, à l’origine de cancers et de nombreuses maladies respiratoires. Nous ne parlons ici « que » des effets à quai. Il faudrait évoquer les lignes de pollutions « accompagnant » les routes des transports océaniques.
Que faire ? Se lamenter ou agir ? Dans le sillage de Wind For Goods, plusieurs multinationales de poids se prononcent en octobre 2021 sur l’urgence de mettre en œuvre des technologies responsables mettant fin aux comportements d’antan : Unilever, Ikea, Inditex, Amazon, Michelin... annoncent que d’ici 2040, elles ne feront appel qu’à des porte-conteneurs mus par une énergie décarbonée. À bon entendeur...
Wisamo, entre voile et aile. Signé Michelin.
À la manière des étranges métamorphoses peuplant les mythologies antiques, l’homme-pneu Bibendum est en voie de devenir une grande aile gonflable formée d’anneaux blancs au service d’un transport maritime « vert ». L’idée de remplacer le fioul par des voiles et les voiles par des ailes n’est pas nouvelle. La navigation de plaisance elle-même s’intéresse depuis longtemps au développement de bateaux ailés. Un convaincu ? Michel Desjoyaux qui a adhéré avec enthousiasme au projet de Michelin baptisé Wisamo (« Wi » de wings, « Sa » de sails, « Mo » de mobility). Passionné depuis toujours par l’innovation et ayant, certainement pour cette raison, choisi son port d’attache dans la Sailing Valley (entre Finistère au Morbihan), le marin met son expertise de skipper high-tech au service des équipes de recherche du groupe Michelin pour mener à bien la révolution technologique d’ailes permettant aux cargos, responsables de 90% du fret mondial, de décarboner leur empreinte. Michel Desjoyaux se charge des essais sur voilier. L’aile/voile, gonflée par une soufflerie interne, est fixée sur un mât télescopique qui se « replie » en cas de tempête ou de passage sous un pont. Le cargo voyagera ainsi via une énergie hybride, première étape d’autres évolutions.
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