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remorquage du neel 43 et orques

Les attaques d'orques près de Gibraltar : une menace pour les bateaux ?

Thomas Kohlerlinkedin Thomas Kohler

Rédacteur pour le magazine Filovent. "Amoureux des côtes normandes, j'ai rejoint l'équipe Filovent pour partager avec vous ma passion de la navigation en mer ! "

Depuis août 2020, les attaques d’orques se multiplient au sud de la péninsule ibérique entre Faro et Malaga, notamment proche de Gibraltar. Selon le directeur de l’organisme Bay Cetology, Jared Towers, plus de 500 attaques ont été recensées ces 3 dernières années dont plus de 200 en Espagne et au Portugal. Cette situation de plus en plus fréquente inquiète certains plaisanciers et navigateurs au vu du gabarit impressionnant de ces mammifères marins. En effet, les orques mesurent en moyenne entre 6 et 9 mètres selon leur sexe et pèsent entre 3 et 7 tonnes, l’homme ne peut donc rivaliser en aucun cas avec ces animaux.

Groupe d'orque en Méditerranée
Groupe d'orque en Méditerranée (Source: Adobe Stock)

Dans cet article, nous mettrons en lumière la situation actuelle près du détroit de Gibraltar, nous vous livrerons des témoignages exclusifs du skipper professionnel Sébastien Destremau et de l’équipe de Saileazy ayant vécu chacun d’entre eux une rencontre avec des groupes d’orques, et nous vous donnerons quelques conseils en cas d’attaque de ce mammifère sur votre bateau.

  1. Le contexte des attaques d'orques
  2. Le témoignage exclusif de Sébastien Destremau
  3. Le témoignage de Saileazy
  4. Les conseils pour faire face à cette situation 

1. Le contexte des attaques d'orques

Carte de la zone où Sébastien Demestreau et son équipage ainsi que l'équipe de Saileazy ont rencontré les orques
Carte de la zone où les bateaux de Sébastien Destremau et Saileazy ont rencontrés des orques

Nous remarquons une hausse du nombre d'attaques depuis l’été 2020, après l’épisode pandémique qui a eu un impact fort sur le trafic maritime. L’influence de cet évènement a certainement eu une importance sur les actions présentes, en faisant comprendre aux orques que les passages incessants des bateaux nuient à leur mode de vie et leur tranquillité.

Une seconde hypothèse possible mais non vérifiée explique le comportement du mammifère par les tensions grandissantes avec les pêcheurs de thon. En effet, de nombreux faits de violence à l’encontre des orques ont été constatés par des spécialistes. Certains pêcheurs ne supportant pas de voir le fruit de leur récolte dévoré par les orques à même la ligne, ils s’en prennent malheureusement à l’animal en le mutilant.

La spécialiste et chercheuse scientifique, Paula Mendez Fernandez, et le skipper professionnel Sébastien Destremau, pensent eux à une tout autre théorie. Selon eux, les orques étant des animaux très intelligents, joueurs et désireux d’apprendre, ils s'attaqueraient tout simplement aux safrans des bateaux pour s’amuser ou apprendre à chasser. Pour Sébastien Destremau, les orques chassent les baleines en tirant leur nageoire vers le bas, il est donc possible qu’en tirant sur les safrans des bateaux, les plus jeunes s'entraînent à attaquer. Nous constatons aussi le fait qu’une fois le safran cassé, les orques partent avec un morceau et jouent avec en le baladant sur le bout de leur nez. Il est très rare qu’une fois le gouvernail cassé, les orques continuent de percuter le bateau.

2. Le témoignage exclusif de Sébastien Destremau

Sébastien Destremau, skipper français ayant participé à de nombreuses régates notamment le Vendée Globe ou encore à la Route du Rhum, a lui aussi rencontré un groupe d’orque le 22 mai dernier. Lors du convoyage du Lancelot de Toulon en Bretagne, alors qu’il se trouvait à 5 milles nautiques du Cap Trafalgar entre Cadix et Gibraltar, Sébastien et son équipage ont rencontré ces mammifères. Nous avons pu le contacter afin de connaître son point de vu sur la situation.

Sébastien Destremau lors du Vendée Globe 2016-2017
Sébastien Destremau lors du Vendée Globe 2016-2017 (Source: Wikicommons)

Pouvez-vous m'expliquer comment s'est déroulé la rencontre ?

“Au début, nous avons vu la mer s'agiter, nous avons pensé à quelques rafales de vents mais nous avons rapidement remarqué un banc de huit orques. Le groupe s’est séparé en deux, les quatres plus petits se sont écartés et quatres autres sont venus à la charge.”

À peine après les avoir aperçu, l’équipage applique naturellement les consignes de sécurité qui sont d’abaisser les voiles, d’arrêter le bateau et de couper les sondes afin de ne pas énerver les orques.

“Les orques ont commencé à mettre des coups dans le gouvernail et à le mordre, au bout de 20 minutes elles avaient déjà réussi à arracher la moitié. Ce qui était drôle était de les voir se balader avec le bout du safran sur le nez pour s’amuser ou nous narguer !”

Suite à ça, certaines orques ont continué de donner des coups dans le safran, Sébastien a donc contacté la MRCC de Tarifa (canal 6 de la radio VHF) afin de les prévenir de l'événement.

Comment vous en êtes-vous sorti ?

“Ayant commencé à m'inquiéter en ne les voyant pas partir, j’ai essayé de faire quelques manœuvres évasives en avançant et en reculant à faible vitesse pour les gêner tout en vérifiant de ne pas les énerver. Puis, durant les 5 dernières minutes, j’ai mis le bateau en cercle à vitesse maximum du moteur. À la suite de ça, elles sont parties.”

Après cet évènement, l'équipage a réussi à retrouver le port de Cadix où ils sont allés faire vérifier le bateau. Aujourd’hui, il est encore en réparation là-bas.

Le safran du Lancelot et les orques qu'ils ont rencontrés en mer
Le safran du Lancelot et les orques qu'ils ont rencontrés en mer (Source: Sébastien Destremau)

Pour Sébastien, les orques n’étaient pas agressifs mais plus dans un esprit joueur.

“Dans la très grande majorité des cas, les orques ne s’attaquent qu’aux safrans mais pas à la coque. Les bateaux qui ont coulé l’ont été car la mèche de fond de coque à cassé à cause du Safran, en fonction de la solidité du bateau, soit la mèche de safran plie soit le bateau casse. Je ne crois pas du tout à ces histoires de revanche ou d’agression car si elles veulent, elles passent au travers du bateau avec un coup de tête.”

Source: Sébastien Destremau

3. Le témoignage de Saileazy

Alors qu’elle devait convoyer un trimaran Neel 43 de Cascais, proche de Lisbonne, jusqu’à Marseille, l’équipe de Saileazy a elle aussi rencontré des orques sur son trajet.

“À bord, nous étions 5 membres de l’équipe Saileazy et nous étions accompagnés de Sébastien Aubord, reporter, pour Skippers Magazine.”

“À 9h30, à moins de 5 milles nautiques de la côte sud Espagnole, nous voulions passer le détroit le matin au début de la journée afin de le prendre en marée montante. Rapidement, un membre de l’équipage repère au loin un ou plusieurs orques. Immédiatement, tout le monde à bord est informé et nous réduisons la vitesse du navire afin d’éviter de les attirer. Nous en repérons 3 ou 4 se dirigeant à vive allure vers nous. Elles ne semblaient pas agressives. Le bateau est mis à la cap, puis nous affalons les voiles.”

Le Neel 43 et les orques qu'ils ont rencontrés
Le Neel 43 et les orques qu'ils ont rencontrés (Source: Saileazy)

“Elles viennent jouer et mordiller le safran, nous apercevons assez vite les morceaux de mousse composant l’intérieur du safran flotter autour du navire. Cela fait une heure qu’elles jouent avec le voilier, principalement au niveau des appendices. Nous avons prévenu le port le plus proche ainsi que le MRCC Tarifa en cas de perte de manoeuvrabilité du bateau. Ils semblent s’éloigner, nous allumons le moteur sur les recommandations du MRCC Tarifa pour nous rapprocher du port. Nous constatons presque instantanément qu’elles reviennent, et cette fois nous en comptons plus d’une dizaine. À bord, comme depuis le début, tout le monde garde son calme et nous restons tous discrets et concentrés. Les orques terminent de grignoter l’intégralité du safran, nous ne sommes donc plus manoeuvrant. Les secousses sont plus violentes, sur les flotteurs et sur la coque centrale, alors nous demandons un remorquage aux secours qui, en arrivant, constatent le nombre d’orques nous entourant.”

L'équipe de Saileazy durant le remorquage
L'équipe de Saileazy durant le remorquage (Source: Saileazy)

“Les orques suivront le voilier et continueront de jouer avec encore une dizaine de minutes pendant le remorquage avant de repartir vers le large. A la suite de cela, le bateau est bien arrivé au port de Cadix où il effectue aujourd'hui encore des réparations.”

Le Neel 43 durant le remorquage
Le Neel 43 durant le remorquage (Source: Saileazy)

Source: Saileazy

4. Les conseils des scientifiques et de Sébastien Destremau pour faire face à ces rencontres

Les conseils des spécialistes une fois les orques repérées au loin sont de baisser les voiles, de couper les moteurs, désactiver les sondes et les signaux pour éviter de les énerver. Il ne faut néanmoins pas couper la batterie et la radio VHF car elle est nécessaire en cas de problème majeur. De plus, il est indispensable de prévenir la MRCC pour leur indiquer que quelque chose d'inhabituel se produit. Les sauveteurs, prévenus, resteront en contact avec le bateau et lui indiqueront que faire. Par ailleurs, un hélicoptère et un bateau se tiendront prêt à intervenir en cas de force majeure. Avec ces indications, on constate que dans 50% des cas, les orques finissent par se lasser du bateau et repartent sans avoir effectué aucun dommage sur le bateau. Si l’orque commence à s’attaquer au gouvernail du bateau, il est très important de lâcher la barre sous risque de se faire très mal aux mains.

Pour Sébastien, il ne faut surtout pas agresser les orques car cela ne pourra jamais aller dans le bon sens, il faut être tranquille tout en restant vigilant.

“J’ai peu de doute sur la suite des événements et l’escalade de l'agressivité en cas de comportements déplacés ou d’attaques sur les orques. Ils sont beaucoup plus puissants que nous et plus nombreux, il n’y a aucune bataille à mener. De plus il n’y a pas de risque humain ou tout du moins pas plus de risque que lors d’une tempête, la navigation n’est jamais sans risque. Prudence et calme, ce n’est que du matériel, c’est embêtant mais il n’y a pas mort d’homme ! Par contre si demain les choses s’enflamment il ne faudra pas s’étonner si les bêtes chargent.”

“Si cet événement m’arrivait une nouvelle fois demain, je pense qu’il faut rester immobile jusqu’au premier coup et ensuite essayer de faire des petits ronds très serrés en marche avant rapide peut être intéressant, il faut néanmoins faire attention à ne pas les énerver.”

“Certains marins conseillent de longer les côtes à 10 mètres de profondeur dans des eaux peu fréquentées par les orques mais je ne pense pas que ce soit une bonne solution. Quand on se retrouve à 5 milles au large de Trafalgar sans gouvernail on se dit déjà comment je vais réussir à partir. Alors imaginez si un orque décide de venir quand même, on aurait aucune échappatoire et le bateau irait s’échouer.”

Remerciements

Je remercie chaleureusement Monsieur Sébastien Destremau avec qui je me suis entretenu et qui a pu me consacrer plusieurs minutes afin de réaliser cet interview exclusif. Merci à toute l’équipe de nos partenaires Saileazy pour le récit de leur rencontre et pour toutes les photos qu’ils ont pu nous envoyer.

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