Le Marion Dufresne, un bateau si attachant !
Un bateau héroïque
En ces temps parfois hostiles, il est utile de prendre le large pour échapper à la furie du monde. Souhaitons-nous, dans un temps pas trop lointain, d’avoir la chance d’embarquer sur le mythique Marion Dufresne, bateau océanographique et ravitailleur des TAAF, Terres Australes et Antarctiques de France. Le Marion Dufresne ? Un monde à part DANS un monde à part, celui des trois districts austraux que ce navire sillonne pour y acheminer personnel, vivres et matériel : Crozet, Kerguelen, Amsterdam/Saint Paul. Sans lui, point de survie. Ces terres françaises qu’il dessert, situées aux confins sud de l’Océan Indien, sont éloignées de tout, secouées pour l’éternité par les éléments déchaînés. Les îles les plus méridionales sont l’Archipel de Crozet, entre les 46e et 47e parallèles, et Kerguelen, au 49e, au cœur des fameux « Quarantièmes rugissants », porte d’entrée des « Cinquantièmes hurlants », là où aucun marin ne peut dormir sur ses deux oreilles... ni même sur une seule... sauf à bord du Marion Dufresne...

Si le Marion Dufresne avait existé, il les aurait sauvés...
On ne saurait trop insister sur la dangerosité de l’environnement sauvage des TAAF, zones de bouillonnements climatiques et océaniques. Le sort des « Oubliés de Saint-Paul » en témoigne ... Leur histoire inhumaine remonte à 1930. Deux entrepreneurs du Havre, les frères Bossière, sont des acteurs de l’économie coloniale dans le domaine des pêcheries. L’État français leur donne en 1893 une concession : Kerguelen. Échec. En 1928, René Bossière lance le projet d’une conserverie de langouste sur Saint-Paul, volcan effondré dont la forme de mâchoire fait froid dans le dos... Une poignée de Bretons et de Malgaches acceptent d’y travailler, pensant échapper à la misère. En février 1930, sept personnes restent sur place (dont une femme enceinte) pour entretenir les installations entre deux campagnes de pêche. On leur promet assistance de bateaux ravitailleurs. Aucun n’apparaîtra. Au retour des équipes, en décembre 1930, ne restent que trois personnes. Les autres sont mortes par noyade ou scorbut. Le bébé ? Mort, bien sûr... Une tragédie et une honte absolues. L’affaire fera grand bruit. Si le Marion Dufresne avait existé, il aurait sauvé ces pauvres gens, c’est certain...

Un navire de 120 mètres, plein de grosses têtes
Le Marion Dufresne incarne une sorte de cordon ombilical français dans ces terres isolées. L’administration des Terres Australes et Antarctiques représente l’État et est responsable du ravitaillement de trois bases scientifiques : Alfred-Faure, sur l'île de la Possession (Archipel de Crozet), Martin-de-Viviès, sur l’île Amsterdam, et la station de Port-aux-Français sur les Kerguelen. Ces missions sont assurées par le Marion Dufresne, chéri non seulement par son équipage mais aussi par les chercheurs et les quelques voyageurs qui y savourent d’uniques moments de connivence avec des individus au destin hors-norme. La France étant très active en matière de recherche dans cet univers extrême, le Marion Dufresne mène à bon port d’éminents professeurs Tournesol spécialistes en sismologie, géologie, géomagnétisme, astronomie, météorologie, climatologie, glaciologie, océanographie, chimie, ornithologie, biologie, virologie, psychologie, sociologie etc (!). Et peut-être vous, un jour, puisque le Marion Dufresne permet de participer à certaines de ses rotations. Paysages uniques garantis. Bon vent !
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