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Obélisque de Louxor

Un cadeau égyptien (presque) empoisonné

Véronique Michel

Diplômée de l’Ecole du Louvre et titulaire de l'agrément de conférencier du Ministère du Tourisme et de la Culture, elle a travaillé pendant dix ans pour la galerie parisienne Marwan Hoss. Installée en Espagne depuis 1997, elle est chargée de conférences en Histoire des arts, cultures et religions du monde à l’Institut Français de Barcelone.

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Premier cadeau de 3m50

Amis de Filovent, si votre générosité et votre sens de l’amitié sont sans limites, réfléchissez toutefois à la taille des présents que vous faites à vos amis les plus chers. Il pourrait, sinon, "leur en cuire"... C’est ce qui est arrivé à Charles X (roi de France et frère de feu Louis XVI), "victime", en 1829, des largesses de Méhémet-Ali, vice-roi d’Égypte. Profondément reconnaissant des recherches menées par Jean-François Champollion pour le déchiffrement des hiéroglyphes (1822), le sultan choisit d’offrir à la France... deux obélisques de 23 mètres de haut (un peu moins pour l’un d’entre eux), pesant chacun la bagatelle de 222 tonnes ! Le tout... raide comme une colonne...

Celui que l’on définit comme le fondateur de l’Égypte moderne est coutumier de la démesure dans le choix de ses cadeaux diplomatiques destinés à la France. N’avait-il pas, deux ans auparavant, fait acheminer une girafe d’Alexandrie à Marseille, installée dans la sentine d’un brigantin où il fallut percer une ouverture pour que la girafe puisse humer les embruns du haut de ses 3m50 ? Après un mois de navigation, Zarafa, majestueuse, entama pedibus un long périple vers la capitale, entre deux vaches laitières pour la nourrir, des gendarmes pour la protéger et le naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire pour veiller, sous les yeux ébahis des villageois croisés au fil des kilomètres, au bon déroulement de ce voyage bien singulier.

Succès garanti ! Devenu l’animal phare de la Ménagerie du Jardin des Plantes à Paris, Zarafa y mourra en 1845, responsable d’une véritable "girafomania". Ne manquez pas d’aller au Muséum d’Histoire Naturelle de la Rochelle lors de vos prochaines navigations en Nouvelle-Aquitaine, pour y voir son corps naturalisé.

Girafe de Charles X
Étude de la girafe offerte à Charles X par le vice-roi d'Égypte, 1827, Nicolas Huet le Jeune (source : Rawpixel)

Louxor, merveille des merveilles

Les deux obélisques offerts par le vice-roi appartiennent au temple d’Amon-Rê, à Thèbes (Louxor aujourd’hui), capitale antique de la Haute-Égypte, située à environ 650km du Caire. Le temple date du règne d’Aménophis III (fin du XVe siècle - début du XIVe av. J.C.), sous le Nouvel Empire (- 1552 - 1070), une des périodes les plus raffinées de l’Histoire de l’art de l’Égypte ancienne. L’édifice, consacré au dieu solaire Amon-Rê, en est un des fleurons, avec Karnak, relié au temple par la célébrissime allée processionnelle bordée de sphinx à tête de bélier, sur une distance de presque 3 km. Inimitable ! À quelques encablures s’étendent les nécropoles de la Vallée des Reines et de la Vallée des Rois, dotée de l’une des tombes les plus célèbres de l’Histoire : celle de Toutankhamon. Le tout sous l’œil bleu du Nil, cheminant inexorablement vers son delta...

Thèbes, cité du dieu Amon, était donc une ville hautement stratégique, tant à échelle politique que religieuse. Ses vestiges forment aujourd’hui un des patrimoines les plus spectaculaires du pays. Champollion, sidéré par le site de Karnac, dira qu’“aucun peuple ancien n’a conçu l’art de l’architecture sur une échelle aussi sublime, aussi large, aussi grandiose que le firent les vieux Egyptiens”. De pharaon en pharaon, le sublime évoqué par Champollion prend une dimension magistrale, sous le règne de Ramsès II (1301-1236 av. J.C.), par le rajout de deux obélisques au temple d’Amon-Rê. Deux rayons solaires pétrifiés que la France devra, trente siècles plus tard, acheminer vers une autre capitale, Paris. Sacré challenge !

Avenue des Sphinx
Avenue des Sphinx à l'entrée du temple de Louxor (source : Adobe Stock)

Navigation XXL de Louxor à la Concorde

Peu de temps après l’annonce du cadeau somptuaire de Méhémet-Ali, la France doit faire face à une deuxième révolution, celle de juillet 1830, immortalisée par Eugène Delacroix dans son chef-d’œuvre "La Liberté guidant le peuple". Le soulèvement du peuple aboutit à l’abdication de Charles X, dernier roi bourbon de France, et à l’avènement de Louis-Philippe, duc d'Orléans. C’est donc sous un régime nouveau que le transfert du cadeau égyptien XXL va s’organiser.

Aux commandes, quatre officiers de la Marine : le polytechnicien ingénieur du Génie maritime Apollinaire Lebas, les lieutenants de vaisseau Raymond de Verninac Saint Maur et Léon de Joannis, et le chirurgien major de la Marine Justin Pascal Angelin. Première étape, la construction d’un navire en capacité de transporter un chargement aussi encombrant ! Le bateau, baptisé Luxor, sort flambant neuf de l’arsenal de Toulon en juillet 1830, alors que la France vacille. En août de l’année suivante, le vaisseau est amarré en face du site de Louxor, après avoir traversé la Méditerranée et remonté de cours du Nil. Commence alors l’opération d’extraction d’un des deux obélisques, opération certes délicate mais magistralement menée sous l’autorité d’Apollinaire Lebas. Une fois posé à l’horizontale, l’équipe déplace le monument sur un glissoir en bois relié au Luxor dont la proue... a été découpée ! Opération réussie.

Départ d’Égypte en fanfare en avril 1833, direction Toulon pour y passer la quarantaine. Puis dernier périple : Gibraltar, La Corogne, Cherbourg, Le Havre, le cours de la Seine... jusqu’au quai de la place de la Concorde (en août 1834) où il a été décidé de "planter" l’obélisque. Une véritable odyssée qu’Ulysse n’aurait pas manqué de saluer.

Obélisque de Louxor sur la place de la Concorde, à Paris
Obélisque de Louxor sur la place de la Concorde, à Paris (source : Adobe Stock)

Épilogue

Le 25 octobre 1836, Louis-Philippe salue l’exploit du haut de la magnifique colonnade de l’Hôtel de la Marine, sous les applaudissements de la foule. Un spectacle unique, à la dimension des attentes du sultan. S’il revenait d’entre les morts aujourd’hui, quelle satisfaction pour lui de voir Ô combien sa décision fut bénie des dieux... Amon-Rê et le grand Ramsès II au cœur de Paris, une idée de génie !

Quid du second obélisque ? François Mitterrand, en 1981, le restitue à l’Égypte. Une bonne occasion pour y voyager et découvrir ses merveilles.

Érection de l'obélisque Louxor sur la place de la Concorde
Jung, Théodore, Érection de l'obélisque Louxor sur la place de la Concorde, le 25 octobre 1836 à midi, musée Carnavalet (source : Wikimedia Commons)

Pour prolonger vos curiosités : quelques lectures

  • Guide de l'Égypte ancienne, Aude Gros de Beler, Jean-Claude Golvin, Édition Errance & Picard 2023
  • Art et archéologie L'Egypte ancienne, Christiane Ziegler, Jean-Luc Bovot, Éditions Flammarion 2011

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