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photo prise au vendée globe à l'arrivée de Charlie Dalin et ses supporters qui l'acclament

Charlie Dalin : les secrets d'un champion exceptionnel

Mathilde Lepagelinkedin Mathilde Lepage

Originaire de Normandie et de Bretagne, j'ai grandi au rythme des vagues. Passionnée de récits de skippers, j'ai rejoint Filovent pour partager avec vous mon amour de la mer et vous faire voyager à travers nos articles !

C’était mardi matin, à 8h24 : Charlie Dalin a réalisé l'exploit de sa carrière en remportant la victoire tant attendue du Vendée Globe 2024 : un moment historique pour le monde de la voile et une performance qui a ébloui le public. Après 64 jours, 19 heures, 22 minutes et 49 secondes de course acharnée, Charlie a franchi la ligne d'arrivée aux Sables d'Olonne, pulvérisant tous les records de l'édition. Derrière cette victoire se cache un athlète qui a forgé sa réussite à force de passion, de savoir-faire et de détermination. Retour sur l’histoire de celui qui vient d’entrer parmi les grands noms de la voile française.

L'ascension d'un champion

Une passion précoce pour la voile

Alors qu’il n’a que 6 ans, Charlie Dalin fait ses premiers pas en voile lors d'un stage d'Optimiste en Bretagne. Ce moment, décisif, constitue plus qu’une révélation : il signe le début d’une vocation. Cette passion le guide jusque dans ses études : Charlie quitte sa ville d’origine, Le Havre, pour se plonger dans l'architecture navale, où il mêle sa passion pour la voile à un solide socle de connaissances techniques. C'est alors le début d'un parcours où passion, savoir-faire et détermination sans faille façonneront peu à peu le champion.

De la Mini Transat à la Transat AG2R

En 2009, du haut de ses 25 ans, Charlie se fait remarquer dans la voile en se classant 2e de la Mini Transat, une course en solitaire à travers l'Atlantique à bord d'un bateau de 6,5 mètres. Cette performance le propulse sur la scène internationale de la course au large et marque un tournant décisif dans la carrière du sportif. En 2012, le skipper français continue d'impressionner en remportant, aux côtés de son partenaire de course Gildas Morvan, la Transat AG2R La Mondiale, une traversée de l'Atlantique qui relie Concarneau à Saint-Barthélémy. Un moment marquant dans la carrière de Charlie Dalin, quand on sait combien les courses transatlantiques sont rudes. Cette compétition, où de nombreux grands noms de la voile se sont illustrés tels que Jean Le Cam, Armel Le Cléac’h ou encore Thomas Ruyant, a confirmé le talent et la maîtrise incontestée de Dalin sur de longues distances.

Charlie Dalin en entrainement à bord de son Mini 6.50 - FRA 435, 2009 (Source : Wikimédia Commons)

L'ascension vers l'Elite

En 2016, Charlie décroche le titre de Champion de France Elite de Course au Large en Solitaire. Cette énième victoire signe l’entrée dans le cercle très fermé des champions de France de course au large, parmi lesquels Jean Le Cam, Michel Desjoyeaux, Jérémie Beyou, et Yann Eliès. L’étoile montante de la voile française revendique alors son objectif ultime : conquérir l'une des courses en solo les plus extrêmes du monde, le Vendée Globe. Mais… avant d’atteindre le sommet, le skipper devra essuyer des déceptions qui n’ont toutefois pas suffi à le décourager, bien au contraire.

Des frustrations cumulées

Une première place qui s'envole

L’édition précédente du Vendée Globe constitue une épreuve particulièrement frustrante pour le skipper : en 2020, Charlie Dalin prend le départ de la compétition en direction des trois caps du sud, comme Yannick Bestaven, Thomas Ruyant, Jean Le Cam, Clarisse Cremer et bien d’autres. Après une lutte acharnée pour se maintenir en première place, Charlie franchit la ligne d'arrivée en premier, mais une décision du jury le place en 2e position : Yannick Bestaven bénéficie d’une bonification sur son temps de course pour s’être dérouté en vue du sauvetage de Kévin Escoffier et devient vainqueur du Vendée Globe en 2021. Charlie voit la coupe lui filer entre les doigts. Une déception qu’on peine à imaginer mais qui, plutôt que de l'abattre, forgera de plus belle sa hargne pour la prochaine édition.

Yannick Bestaven sur « Maître Coq IV » après avoir gagné la course du Vendée Globe 2020 - 2021 (Source : Wikimédia Commons)

La Route du Rhum 2022

L'histoire se répète en 2022 lors de la Route du Rhum : Charlie Dalin termine une nouvelle fois à la deuxième place, derrière Thomas Ruyant. Il déclarera sur le ponton : “Ce n’est pas forcément la place que je cherchais, autant le dire tout de suite ! J’espérais faire mieux que deuxième sur cette Route du Rhum. Mais je suis heureux d’être là, une 2e place sur la Route du Rhum, ça reste un beau résultat. J’ai participé aux trois grandes classiques en solitaire et j’ai toujours fini 2e : sur la Solitaire du Figaro, sur le Vendée Globe et maintenant sur la Route du Rhum. On va pouvoir m’appeler Poulidor bientôt.” Le skipper ne se décourage pas pour autant. Dans une interview donnée à la presse, il affirme : "Pas un seul jour ne passe sans que je pense au Vendée Globe. Aujourd’hui, à tous les niveaux, je suis prêt : prêt à me lancer dans l’aventure, avec comme objectif les meilleures performances sportives possibles. J’aime la confrontation avec les éléments, avec les concurrents, je ne redoute pas la solitude, elle m’attire au contraire. Je suis intimement convaincu d’être fait pour cette course." Après des années de préparation avec son équipe, l'heure de la consécration a enfin sonné pour Charlie Dalin : le skipper s’aligne sur le départ tant préparé du Vendée Globe 2024.

L'Imoca Macif Santé Prévoyance de Charlie Dalin aux Sables-d'Olonne, France, avant le Vendée Globe 2024-2025 (Source : Wikimédia Commons).

La revanche : Vendée Globe 2024, une victoire éclatante

Un départ prometteur

Dès le départ de la course, le skipper de Macif Santé Prévoyance s’impose en première ligne. Il gagne rapidement la première place, qu’il conservera au total pendant 42 des 64 jours de course : une domination quasi inédite dans l'histoire de l'épreuve et qui annonce la couleur de son ambition.

Une course maîtrisée de bout en bout

Comme le veut la légende du Vendée Globe, les skippers essuient des tempêtes et une météo hostiles : au total, c’est près de 9 saisons qu’ils traversent sans relâche. C'est dans l'Océan Indien que le skipper démontre toute l'étendue de son talent. Alors que sa position au classement est menacée, Charlie Dalin se lance le défi qui marquera un tournant dans la course : plonger dans une tempête pour garder son avantage. Il relate au micro d'une conférence de presse : "Il y a quatre ans, je n’avais pas osé passer près de la dépression Teta au large des Açores. Là, j’y suis allé, ce qui m’a permis de passer dans un trou de souris et devancer ce monstre météorologique. Il fallait être un peu audacieux et avec Sébastien (Simon) nous y sommes allés." avant de conclure : "Cela a payé." Un choix qui portera ses fruits et le maintiendra premier.

Des conditions extrêmes domptées

Le pilote a fait preuve d’une maîtrise exceptionnelle de son IMOCA à foils, MACIF Santé Prévoyance, malgré des conditions météorologiques extrêmes. Des tempêtes ont mis à rude épreuve la résistance des bateaux et des skippers tout au long du parcours. Pourtant, Charlie parvient non seulement à maintenir son bateau en parfait état, mais aussi à en tirer le maximum de performances, comme en témoigne son état impeccable à l'arrivée : "Le bateau revient en très bon état, à 100 % de son potentiel. J'ai eu des soucis, c'est sûr, mais j'ai réussi à réparer." Il mentionne “des avaries réparables” : une voile d’avant à recoudre, quelques heures pour combler une fissure, et quelques pièces à changer. Et il précise : “J’ai pu tirer sur Macif alors qu’il y a quatre ans, je ménageais Apivia”. Son bateau, conçu par Guillaume Verdier et lancé en juin 2023, a été optimisé pour maintenir ses performances dans les mers du Sud. Dalin confirme en conférence combien son bateau était "adapté au parcours", et "très sympa à vivre avec sa zone de vie arrière". Surprenant : “Même dans les mers du Sud, c’était agréable. J’étais dans mon petit cocon, dans ma petite bulle.” Le sportif félicite alors son équipe, “la meilleure du monde, [qui] a parfaitement fiabilisé le bateau.” Cette performance confirme la maîtrise du vainqueur et les capacités de son IMOCA à foils dans les courses au large. Un vrai tour de maître, quand on sait combien les bateaux à foils représentent de défis.

Cartographie du Vendée Globe (Source : Site Officiel du Vendée Globe, 2025)

Un record historique

64 jours, 19 heures, 22 minutes et 49 secondes plus tard, Charlie Dalin boucle son tour du monde en solo. C’est quinze jours de moins que ce qu’a fait Yannick Bestaven en remportant quatre ans plus tôt le Vendée Globe 2020, et 9 jours et 8 heures de moins que le temps d’Armel Le Cléac’h en 2016. Plus impressionnant encore, le vainqueur maintient des moyennes de vitesse stupéfiantes de 17,8 nœuds sur 27 668 milles parcourus à bord de son IMOCA Macif Santé Prévoyance.

L'émotion du triomphe

L'aboutissement de cette aventure extraordinaire se cristallise dans un moment d'intense émotion aux Sables d'Olonne. "C'est la plus belle ligne d'arrivée de toute ma carrière", confie Charlie, la voix tremblante, en remportant la course. "Une rafale, je n'ai jamais vécu des émotions pareilles. C'était la folie, avec la lumière du jour qui a percé..." Cette victoire prend une saveur particulière après l'arrivée au goût amer de 2020. Le skipper salue Yoann Richomme : "Si le record a été battu de plusieurs jours, c'est grâce à Yoann. On s'est tiré la bourre tout autour du monde. Il est vraiment très rapide. Les mers du Sud, c'est son jardin."

Un triomphe unanimement salué

L'exploit de Charlie Dalin suscite l'admiration des champions de la course en solo. Le constat est unanime : difficile de faire meilleur classement ! Jean Le Cam s'exclame : "Mais non ? 65 jours ? Oh pétard ! Il y en a pour 20 ans à moins qu'on mette des réacteurs sur les IMOCAS." François Gabart, quant à lui, souligne : "Ça fait vraiment plaisir, et c'était un vrai soulagement ce matin pour nous, pour toute l'équipe." Le double vainqueur du Vendée Globe, Michel Desjoyeaux, adoube à son tour le gagnant : “C'est un très beau vainqueur.

classement officiel du Vendée Globe le 16 janvier 2025 avec les photos des 5 premiers
Classement officiel du Vendée Globe le 16 janvier 2025 (Source: Site officiel du Vendée Globe, 2025)

Une célébration nationale

Le public, lui, n’est pas en reste : la France l'attend de pied ferme. L’émotion et l’euphorie envahissent le chenal des Sables d'Olonne. La foule scande le nom du vainqueur au rythme des vuvuzelas. Photos et vidéos affluent. Cerise sur le gâteau pour celui le vainqueur, un message du président Emmanuel Macron sur X : "Impossible n'est pas Français ! Charlie Dalin entre dans la légende du Vendée Globe en triomphant des océans en un temps record : moins de 65 jours ! Un hymne à l'audace et à la grandeur humaine." Une journée gravée dans la mémoire du skipper à tout jamais.

Un record qui marque l'Histoire

Le pilote de Macif Santé Prévoyance devient le neuvième vainqueur du Vendée Globe, succédant à Michel Desjoyeaux, Armel Le Cléac'h et à Yannick Bestaven, qui s'est vu abandonner l'édition cette année. Cette victoire marque un tournant décisif dans sa carrière : il devient sans aucun doute l'un des skippers les plus respectés de sa génération, un modèle d'engagement, de stratégie et de préparation. Rien n'est laissé au hasard chez le skipper, qui concède par ailleurs : "Je m’étais rendu compte lors de mon premier Vendée Globe que la partie mentale était centrale. Cette année, j’ai fait un peu la liste des situations avec mon préparateur mental. On a fait un petit carnet, une sorte de boîte à outils avec plein de cas tels que coup de fatigue, avarie, problème de décision stratégique… J’avais tout un tas de figures et je sortais si besoin mon carnet pour sortir la page par rapport à la situation à laquelle je faisais face. Cette petite pharmacie mentale était toujours proche de moi dans ma zone de vie, ma studette". Une déclaration qui confirme l'importance du mental chez les sportifs. A bien y réfléchir, ce parcours recèle d'enseignements précieux : voilà quatre leçons clés qui ont façonné le triomphe de Charlie Dalin, à consommer sans modération !

4 leçons clés du succès

Leçon n°1 :

Maîtriser son matériel, c'est maîtriser sa course. Grâce à son expertise en architecture navale, Charlie Dalin optimise chaque détail de son bateau pour en tirer le maximum de performance.

Leçon n°2 :

Parfois, il faut oser pour avancer. Dans les moments clés, le skipper prend des décisions audacieuses qui lui permettent de rester dans la course et de garder son classement.

Leçon n°3 :

Les meilleurs enseignent les meilleures leçons. Charlie s'est constamment inspiré des grands skippers pour affiner ses stratégies et sa gestion technique. Apprendre des meilleurs est donc essentiel.

Leçon n°4 :

C’est la résilience qui forge un champion. Chaque revers a renforcé la détermination du vainqueur. Les échecs ne sont pas des obstacles, mais des tremplins vers la réussite. En franchissant la ligne d’arrivée hier, le skipper de l’IMOCA Macif Santé Prévoyance a définitivement inscrit sa victoire au Panthéon des grands noms de la course en solo au large. Cette performance unique, associée à son palmarès* exceptionnel, fait sans aucun doute de Charlie l'un des skippers les plus emblématiques de sa génération. Une chose est sûre : sa victoire restera longtemps gravée dans les annales de la course au large. 

Les conseils de la rédac : 

Si ce sujet vous passionne autant que moi, voici de quoi occuper un long dimanche pluvieux, que vous soyez amateur de lecture, de podcasts ou de films, confortablement installé sous un plaid : 

  • J'ai découvert cet épisode de Tips&Shaft, où Charlie se livre sur son expérience, ses défis, ses méthodes et ses aspirations. 
  • Pour les plus lecteurs, je vous conseille aussi Rêver Large de François Gabart, une autobiographie du skipper qui a remporté le Vendée Globe en 2013. 
  • Et pour les mordus de docus, ce documentaire de Chloé Vancaeyzeele sur les coulisses du Vendée Globe vaut le détour : il explore la préparation, les défis, les méthodes et l'organisation titanesque de ces athlètes hors du commun.

*petit rappel du palmarès de Charlie Dalin, juste pour le plaisir des yeux :

  • 2024-2025 : 1er Vendée Globe – Monocoques, 60 pieds, classe IMOCA, mixte
  • 2022 : 2e Route du Rhum – Monocoques, 60 pieds, classe IMOCA, mixte
  • 2021 : 2e Transat Jacques-Vabre – Monocoques, 60 pieds, classe IMOCA, mixte
  • 2020-2021 : 2e Vendée Globe – Monocoques, 60 pieds, classe IMOCA, mixte
  • 2019 : 1er Transat Jacques-Vabre – Monocoques, 60 pieds, classe IMOCA, mixte
  • 2018 : 3e Solitaire du Figaro – Monocoques, individuel, mixte
  • 2017 : 3e Solitaire du Figaro – Monocoques, individuel, mixte&
  • 2016 : 2e Solitaire du Figaro – Monocoques, individuel, mixte
  • 2015 : 2e Solitaire du Figaro – Monocoques, individuel, mixte
  • 2015 : 3e Transat Jacques-Vabre – Monocoques, 60 pieds, classe IMOCA, mixte
  • 2014 : 3e Solitaire du Figaro – Monocoques, individuel, mixte
  • 2012 : 1er Transat AG2R – Monocoques, équipage, mixte

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